Retour au pays de la poupée mobile, 2011
Cet ouvrage-témoin, chargé d’émotions et de tendresse, est le fait de Marianne Spozio, petite-fille d’Henri Mancia l’un des fondateurs de la fabrique de machines Tornos SA, connue dans le monde entier. Elle vécut les treize premières années de sa vie à côté des ateliers de l’usine, au sein de la Villa Junker qui renferme aujourd’hui le Musée du Tour automatique et d’Histoire de Moutier.
«Après plus de quarante ans d’absence, elle redécouvre la villa (…). Même si pour elle tout a changé ou presque, les chers objets disparus regagnent leur place comme par enchantement, l’atmosphère d’autrefois baigne à nouveau la maisonnée. (…) En publiant son récit (…) le Musée du Tour automatique et d’Histoire rend un vibrant hommage à une femme généreuse qui a bien mérité des lettres jurassiennes.» Extrait de la préface rédigée par Jean Rérat.
«J'aime ce petit coin que d'aucun trouveront ingrat, je l'aime parce que c'est l'endroit de tant de premières fois : mon premier bain sur la terrasse dans une «seille» à lessive en zinc, mon premier moineau mort et enterré dans un carton à chaussures, sous les églantiers, ma première chute de tricycle (dans les rosiers, souvenir cuisant), mon premier goûter d'anniversaire en compagnie de mes camarades de classe de Mlle Béguelin, ma première communion à l'époque où je me prenais pour sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, mes premières truites au bleu (dont j'ai immédiatement raffolé), mes premières tripes à la neuchâteloises, Mamé m'en avait proposé un morceau microscopique au bout de sa fourchette, il fallait toujours goûter de tout, je les ai aimées, de même que le boudin et les atriaux que mon père ramenait de la ferme où il était allé bouchoyer avec ses cousins, la gelée de ménage, les crêpes Suzette de Tati flambées à table, la tourte meringuée d'un pâtissier de Soleure qui arrivait par la poste le samedi, le civet de lièvre préparé chez nous par oncle Willy qui faisait gicler la sauce jusqu'au plafond selon ma mère, le perdreau aux choux, les beignets au genou, le pâté des Princes-Evêques, le clafoutis au cerises... Tout autant qu'une incorrigible sentimentale, je suis une incorrigible gourmande.»
Marianne Spozio, 2001